L’offensive gouvernementale contre le tabagisme s’intensifie. Après l’interdiction des cigarettes électroniques jetables en février 2025, Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé, a annoncé de nouvelles mesures pour encadrer plus sévèrement le vapotage dès 2026. Réduction du taux de nicotine et limitation des arômes : les vapoteurs français vont devoir revoir leurs habitudes.
Des saveurs dans le collimateur du gouvernement
La guerre contre les arômes bat son plein. Le gouvernement considère ces parfums fruités et sucrés comme des appâts destinés spécifiquement aux jeunes consommateurs. Selon les autorités sanitaires, ces saveurs masqueraient l’amertume naturelle de la nicotine et faciliteraient ainsi l’entrée dans la dépendance.
Cette stratégie rappelle celle qui avait mené à l’interdiction des puffs jetables en février dernier. Ces cigarettes électroniques colorées aux goûts de fraise, cookie ou barbe à papa avaient été pointées du doigt pour leur marketing agressif envers les adolescents. Une étude révélait que 15% des jeunes de 13 à 16 ans avaient déjà essayé ces dispositifs jetables, désormais bannis du territoire français.
La ministre travaille actuellement avec l’ANSES et la Haute Autorité de santé pour définir précisément quels parfums seront interdits. L’objectif affiché : briser l’attractivité du vapotage chez les mineurs en supprimant ce qui pourrait ressembler à des bonbons ou des confiseries.
Nicotine sous surveillance : vers un plafond plus bas
L’autre pilier de cette offensive concerne directement la nicotine. Actuellement plafonnée à 20 mg/ml par la réglementation européenne, cette limite pourrait bientôt être abaissée sur le territoire français. L’idée sous-jacente : réduire le potentiel addictif des cigarettes électroniques en diminuant leur principal composant psychoactif.
Cette mesure divise profondément la communauté scientifique. D’un côté, le gouvernement espère limiter l’accoutumance et faciliter le sevrage. De l’autre, les professionnels de santé s’inquiètent de voir s’affaiblir un outil reconnu comme efficace pour l’arrêt du tabac. L’organisation Cochrane, référence mondiale en matière d’études médicales, a récemment confirmé que les cigarettes électroniques nicotinées restent plus performantes que les substituts traditionnels pour arrêter de fumer.
Plusieurs experts redoutent un effet boomerang. Réduire la nicotine pourrait pousser certains vapoteurs à augmenter leur consommation ou, pire, à retourner vers le tabac traditionnel. Cette crainte s’appuie sur l’expérience américaine, où les restrictions sur les arômes ont effectivement fait chuter les ventes de cigarettes électroniques, mais ont parallèlement provoqué une hausse des ventes de cigarettes classiques.
L’entrée en vigueur de ces nouvelles restrictions est prévue pour la fin du premier semestre 2026. La ministre attend encore les avis scientifiques définitifs avant de fixer les modalités précises d’application. Ces mesures s’inscrivent dans l’objectif gouvernemental plus large de créer « une génération sans tabac » parmi les enfants nés en 2025.
Parallèlement, depuis juillet 2025, fumer est devenu interdit dans de nouveaux espaces publics : plages, parcs, abords d’écoles et installations sportives. Pour l’instant, ces interdictions ne concernent que le tabac traditionnel, mais le vapotage pourrait suivre le même chemin dès l’année prochaine. La France, qui a déjà montré l’exemple en Europe en interdisant les puffs après la Belgique, continue de durcir sa politique de santé publique, quitte à susciter de vifs débats sur l’efficacité de ces mesures.